Mise en situation / retours d'expériences

A la demande de G..., P..., F... et V... nous ont rédigé leurs retours d'expérience COVID 19.
Je vous propose la mise en situation suivante :
  • En vous mettant dans la tête et dans le rôle (équipier, chef d'agrès) que vous partez sur une inter COVID, notez sur un petit papier tout ce à quoi vous penseriez, ce que vous feriez
    • Avant de partir en inter, avant d'être en contact avec la victime
    • Lors du contact avec la victime, de son transport
    • Lors du retour, du nettoyage, de votre retour à domicile
  • Ensuite, lisez les témoignages de P..., de F... et de V...
Salut G, 
Déjà, pour commencer, les inters COVID supposé ou avéré avec l'ambulance dédiée sont plutôt rares (entre 0 et 5 par garde à la Paillade). Pour le risque courant, inter systématique avec le masque ffp2  / gants et rien de plus s’il n’y a pas de suspicion (comme avant quoi). 
Si suspicion (inscrite sur le ticket d’alerte ou pas) au départ, le mieux c’est de prendre le temps de :
  • préparer en bas un change pour le retour et ses affaires de douche comme ça quand on rentre, on se déshabille dans la remise , on met les affaires à la machine et on monte direct se doucher.
  • en arrivant sur les lieux, on ne rentre pas direct dans l’habitation, le conducteur reste à son poste avec son ffp2 simplement (comme ça il pourra passer les messages au 15 par tph sans que le chef d'agrès à l'intérieur souille son portable). Le chef d’agrès contacte le requérant a la voix (avec son ffp2 ) et si il confirme la suspicion, il retourne à l’ambulance s’équiper du kit pour aller au contact et rend compte au CODIS (envoi éventuel d'un vsav dédié). 
  • si prise en charge nécessaire de la suspicion par vsav Claret :
    • 1- la victime est autonome : masque chirurgical, SHA , couverture alu et on fait le taxi, elle marche toute seule dans le vsav, on lui demande de prendre sa température avec son thermomètre (ou le nôtre si elle n'en a pas) et on lui prend une sat. Pas de bilan poussé, on utilise le moins de matériel. Le conducteur passe le bilan au 15 sur ordre du chef d'agrès. Et on roule 
    • 2. Si la victime n'est pas autonome ou/et si elle a besoin de gestes secouriste, le conducteur d'équipe aussi du kit et rejoint le chef d'agrès. 

Pour résumer :

Anticipation : prévoir change et douche avant de partir pour le pas faire le tour de la caserne en étant souillé. 
Pas de précipitation : on prend le temps de voir ce qu'il se passe et de s'équiper
Minimum de personnel engagé : le chef d'agrès fait approche/bilan/transport derrière. 
Je reste a dispo si certain veulent des renseignements. Mais pas de stress, ça se passe bien. 
 
P
Bonjour à tous, 
J’ai écrit ce message pour répondre à G, je ne sais pas ci cela vous rassurera, mais j’espère répondre à certaines de vos interrogations. 

Concernant les interventions dans les bouches du Rhône, nous intervenons pour tous types d'interventions avec un masque chirurgical et gants, et nous appliquons un masque chirurgical à la victime également ainsi que des gants (certain chef d’agrès demande à la victime de se laver les mains avec du gel hydroalcoolique seulement ou avant de lui mettre les gants). Dans le cas d’un COVID suspecté, ou pour toutes interventions dans un EHPAD la tenue de rigueur est le set complet (blouse, charlotte, sur chaussure, lunette, masque FFP2, gant et sur-gant, en effet les gants du kit sont considérés comme une double peau et on remet des gants latex normal par-dessus que l'on peut changer en cours d'intervention sans enlever les 1er). 

Donc en intervention :

 - VSAV : Sois chirurgical gant ou kit complet avec ffp2
 - VID :  C'est masque chirurgical et gant latex,  kit intégral si VID dans un EHPAD (pour protéger les patients)
 - FPT :  Kit masque chirurgical gant et Masque FFP2 sont présents dans le véhicule au cas où ! Mais nous n'avons pas de consigne pour ce type d'inter. Moi chef d'agrès, si je pense rencontrer un interlocuteur arrivé sur les lieux, je mets un masque chirurgical ou ffp2 en EHPAD. Mes binômes restent à l'écart du public, le conducteur s'équipe d'un masque à sa convenance, il est plus susceptible d'avoir à converser avec des curieux. 
- VSR : Masque chirurgical pour l'équipage, les victimes portent un masque chirurgical placé par le vsav.

Pour les interventions VSAV : 

  •  l'équipier est toujours assis dans la cellule, à l'aller et au retour. (pour garder les 1m d'espaces entre agents) 
  • Le chef d'agrès part seul voir la situation ! et appel son équipage à l'issu. Si le besoin s'en fait sentir, il fait mettre le kit complet à l'équipage. De même s'il estime que lui et 1 seul équipier est suffisant, il n'expose pas le conducteur et le laisse au volant du vsav. Dans ce cas le chef d'agrès reste à l’arrière jusqu’à la désinfection de la cellule en rentrant d'intervention.

Au retour d'une intervention avec risque COVID avéré nous avons un protocole complet défini par notre sdis auxquelles nous avons ajoutés les mesures de douchage complet des agents dans une douche réservée à cet effet, les TSI sont mise en machine à un cycle allant jusqu'a 60°. Les rangers sont interdits dans les locaux du CS à l'exception des remises et leurs semelles sont désinfectées en retour d'intervention dans des pédiluves confectionnés par nous même avec des demis bidons d'émulseur. Pensez à bien désinfecte le sac d'abordage, la radio et plaquette chef d'agrès également qui se vois fortement exposé car on la pose n'importe où ! et votre téléphone portable si vous l'avez utilisé, certains l'emballent dans des sacs congélation lors des interventions !!! 

Les interventions se passent bien de manière générale, les victimes acceptent bien le masque et les gants que l'on leur applique, les agents ayant un problème avec la possibilité de rencontrer le virus se sont fait une raison ou ne prennent plus de garde (Professionnel ou volontaire en maladie pour dépression, burn out etc.). Il ne faut absolument pas les brimer, nous ne sommes pas égal face à nos antécédents ainsi que ceux des personnes avec qui nous vivons qui peuvent être fragile. 

Face à cette crise, le bon sens et un comportement personnel responsable est de rigueur. A chaque garde un check des agents avec questionnement et prise de température est obligatoire chez nous. Sur ma garde du 3 avril, 2 agents ont consulté le médecin conseil suite au questionnement et sur le fait qu'un agent toussait à s'époumoner. Ils ont été mis en arrêt de travail immédiat et sont parti faire un dépistage au CH Arles. Un comportement responsable ne doit pas amener à cela, ces 2 agents, notamment celui qui toussait n'aurait pas du se présenter au CS. Je pense que pour vous à Claret le chef de garde doit faire de même par whatsapp chaque soir, et chaque agent ressentant une possible maladie ou toussotement anormal doit se signaler et ne plus intervenir, pour protéger les autres agents et les victimes également. 

Au centre de secours un soin important est pris pour désinfecter 2 fois par jour minimum toutes les poignées de porte et clavier d'ordinateur. Il peut être bien à Claret qu'un kit de nettoyage soit disponible pour stationnaire (clavier souris télécommande tv, machine a café, chaise)

Je trouve que la communication dans le SDIS34 est très bien faite, notamment avec l'info SDIS34 face au COVID dont ils sont au numéro 8. Si vous reprenez l’intégralité des infos depuis le numéro 1, vous verrez que le sdis 34 à pris rapidement les devants et a compris le besoin pour la protection du personnel. Ces infos répondent à pratiquement toutes vos questions, un numéro de téléphone est disponible également pour répondre à vos questions. Nous somme loin dans le 13 d'avoir un masque individuel pour le quotidien de la garde. J'ai l'impression au travers des actions du sdis 13 qu'ils nous considèrent plus comme des voleurs de masque, que du personnel à préserver. Vous avez donc de la chance dans le 34. 

Le Virus est là,  mais la vie continue, personnellement je pense l'avoir contracté fin janvier suite à mon passage sur Paris pour le concours d'officier, j'ai été très malade 8 jours après avec symptôme grippal 6 jours suivis d'une gastro anthologique encore 6 jours et d'autre problème que seul le docteur L... connaît !!!! lol

Il est possible que vous l'ayez déjà eu sans vous en rendre compte, l'important c'est que les personnes déjà fragilisées ne l'ai pas ! Alors, pratiquez les gestes barrières, n'exposez pas les autres si vous êtes malades (quelle que soit votre maladie ou vos symptômes),  ne prenez pas  le risque de contaminer vos collègues pour assurer la garde, ce serait stupide !

Comme vous pouvez le voir sur la photo, on ressemble à rien avec l'équipement, mais ce qu'il faut retenir c'est que nous gardons le moral et le sourire dans mon CS.

N'hésitez pas à m'interpeller pour diverses questions, sachez juste que j'ai enlevé la sonnerie de whatsapp car ça sonne trop !!! alors attendez que je consulte l'appli pour les réponses. Pour des questions concernant les protocoles du sdis 34 je vous invite à interroger les pro du sdis 34. 

Allez ciao, à plus 

ADC P...
Départ à 2 au VSAV + VLSM 1 SPV et le médecin, je pars en tant que chef d’agrès VSAV sur une intervention dont l’origine est un malaise à domicile, homme de 61 ans, pas de notion COVID-19, ni suspicion du virus sur la victime.
Dans un premier temps, pas de déclenchement du corps SMUR puis finalement une fois l’équipage SP sur la route, le SMUR est déclenché suite à un second appel de l’épouse de la victime vers le C15 pour signaler un ACR.
Arrivés sur les lieux, une dame nous attend très énervée, très agitée, très paniquée me disant « Vite il va mourir, dépêchez-vous ! » le dialogue est compliqué. Cette dame court dans tous les sens pour se diriger ensuite vers la VLSM.

Le médecin entre en premier avec le collègue SP, victime inconsciente, le médecin demande la pose immédiate du DSA et mise sous Oxygène, je demande donc à mon équipier de poser le DSA sur la victime pendant que l’autre SP pratique la RCP.
Je décide d’aider mon équipier à la mise en œuvre de l’oxygène sur la victime. En effet, je ne parviens pas à capter l’attention de l’épouse de la victime toujours très énervée et agitée, qui nous dit en permanence « Vous arrivez trop tard ! Il va mourir !, etc. »
Pas de demande du médecin de s’équiper avec les kits épidémiques infectieux, donc nous sommes équipés de masques FFP1 et de gants nitriles jetables dès le départ du centre de secours.
Les personnels du SAMU arrivent sur les lieux, je me mets à l’entrée de l’habitation pour les accueillir, ils nous demandent de continuer la procédure de RCP auprès de la victime tout en faisant leur travail.
Après plusieurs minutes d’efforts des équipiers qui se relaient sans relâche pour continuer de masser la victime, le verdict tombe, le médecin de l’équipe du SMUR34 nous demande de débrancher le DSA et se prononce sur le DC de la victime.
Nous rangeons donc le matériel, dans la VLSM et le VSAV, le médecin Pompier reste auprès de l’épouse afin de régler les formalités administratives et discute un long moment avec elle.
Pas de gros débriefing à l’arrivée au centre de secours, mon équipier m’informe se sentir bien, ne ressent pas le besoin de discuter hormis cette question qui persiste : « Faut-il obligatoirement une application du protocole COVID ou non sur ce type d’intervention ?"

L’origine de l’ACR de la victime n’étant pas connu, j’ai expliqué à mon équipier que pour moi c’est le médecin sur place qui est donneur d’ordre et qu’on se doit de s’adapter et de faire selon les consignes du corps médical, remise en ordre du matériel consommé sur l’intervention et nettoyage du matériel utilisé, je rédige ensuite mon rapport CRSS.
L’adjoint au chef de centre me contactera le lendemain pour que je lui donne le déroulé et mon ressenti sur l’intervention, mon chef de garde également pour prendre des nouvelles des SP de son équipe ce que j’ai beaucoup apprécié.
C’est une période où les départs en intervention sont plus stressants qu’habituellement, nous devons rester concentrés sur le rôle de chacun mais aussi sur le respect des protocoles COVID quand il est nécessaire de l’appliquer mais ne pas tomber dans une psychose.
Le fait de partir qu’a deux SP est aussi une situation exceptionnelle, nouvelle donc demande une adaptation supplémentaire. Cette prise en compte n’est pas toujours évidente à appréhender. La cohérence du binôme est ici, encore plus cruciale.

V...
  • Puis, notez pour vous ce qui aurait pu être amélioré par rapport à votre prévision
  • Enfin, listez les bonnes idées / pratiques à retenir et éventuellement à mettre en œuvre dans votre centre